Né en 1981 à Föhr, Nis-Momme Stockmann a fait des études sur « le langage et la culture du Tibet » à Hambourg, étudié les sciences des médias à Odensee, au Danemark, et suivi une formation de cuisinier avant de se consacrer à « l’écriture scénique » à l’Universität der Künste de Berlin.
Il a remporté en 2005 le premier prix du Festival international de cinéma à Odense pour son court-métrage Ignorans.
Lors du Marché aux Pièces 2009 de Heidelberg, il reçoit le Premier prix et le Prix du public pour la pièce Der Mann, der die Welt aß (« L'homme qui mangea le monde »).
C’est à lui que l’on passe la commande d’œuvre pour le Marché aux pièces de Berlin 2009 ; il écrit pour la saison 2009/2010 du Staatstheater de Stuttgart la pièce Kein Schiff wird kommen (« Aucun navire ne viendra »), présentée en 2010 dans le programme parallèle des Rencontres Théâtrales de Berlin. La pièce a également été invitée aux Journées théâtrales de Mülheim et diffusée par Radio Bremen sous forme de pièce radiophonique.
Depuis la saison 2009-2010, Nis-Momme Stockmann est auteur en résidence au Schauspiel de Francfort.
Dans le sondage réalisé auprès des critiques par le magazine spécialisé Theater Heute, Nis-Momme Stockmann a été élu à une grande majorité « Jeune dramaturge de l’année 2010 ».
J’essaie de me donner un peu de temps pour le visage que j’ai prévu.
Voici que la porte s’ouvre.
Un quelqu’un s’y tient, dans une main une pelle, dans l’autre un sac avec des langes. Ses mains sont enfoncées dans des gants jaunes.
Sur la pelle gît un lapin nain mort.
Je me sens infiniment stupide parce que rien ne me vient à l’esprit de ce qu’on fait quand on saute tout le processus « frapper à la porte, ouvrir, saluer ».
En ce quelqu’un je découvre un visage que j’ai connu autrefois quand ce visage, ce quelqu’un, était encore jeune quand aucun lacis rouge de veines ni de transpiration jaune sous trop de poudre ne racontaient sur ce visage des longues histoires essoufflées sur les chemins à travers le monde, chemins défavorables pour l’organisme biologique. Une longue histoire pleine de substances et de nourriture neurologiquement nocives, d’épreuves physiques et de situation extrêmes pour la chimie du cerveau.
Elle dit :
Nora : Salut.
Mais en dessous… ou derrière… il y a quelque chose, je ne sais pas comment appeler mais c’est fou et grand et frénétique, comme une eau-de-vie digestive, ça cogne directement dans la tête et l’estomac.
Moi je me rends compte que ce n’est pas un « quelqu’un ».
Ce « quelqu’un » ne fait que porter un costume de « quelqu’un ».
Et elle dit :
Nora : Salut ?
L’air sent la menthe poivrée – comme tous les mardis.