Lecture avec Jean-Pierre Darroussin et Isabel Gozalez Sola
10 mai 2021 - Compagnie
Pièce pour quatre comédiens
Lecture avec Jean-Pierre Darroussin et Isabel Gozalez Sola
Martin, 50 ans, professeur de lettres en vacances à Athènes suit la visite du Parthénon, guidé par une très jeune femme, Christine qui a les traits de la pure beauté d'une déesse antique.
Eros et Thanatos
L’enjeu d’une lecture en capacité
de mettre en lumière toute la puissance de « La Tanière », c’est de
s’écarter d’emblée de l’écueil d’un discours théorique, rébarbatif. Pour cela
Botho Strauss met en scène une situation qui d’une certaine façon parle
d’elle-même : un professeur, figure archétypale de l’intellectuel cultivé,
visite un site archéologique célèbre, le stade d’Olympie. Tout à la fois
passionné et déjà très renseigné, l’homme, dans la force de l’âge, interpelle
avec un peu d’ironie condescendante la jeune femme qui mène la visite guidée,
et qui récite de façon un peu mécanique la genèse de ce site sacré. Mais ils
sont seuls, et très vite elle l’invite à profiter des plaisirs de la vie
nocturne à Olympie où l’on boit et où l’on danse. Le charme et la beauté de
Christine opèrent et le soir même le professeur devient son amant. Mais à
l’opposé d’une situation convenue, le désir amoureux qui anime Christine pour
cet homme bien plus âgé, n’est pas feint et sa nature est au contraire d’une pureté
et d’une authenticité troublantes, balayant l’ordre conventionnel et policé du
professeur qui se retrouve vite aspiré dans une spirale de pulsions nouvelles
et incontrôlables. Ces décalages, ces renoncements, sont source de situations
de pure comédie et de dialogues jubilatoires où Botho Strauss, prend un malin
plaisir à déconstruire toutes les certitudes du vieil homme.
Après avoir accueilli Christine
dans sa confortable résidence estivale, le professeur comprend instinctivement
qu’il doit envisager une voie radicale en suivant le fil d’Ariane que déroule innocemment
la jeune femme. Et ce fil proprement mythologique les conduit dans une montagne
des environs d’Olympie, où le couple revient à une forme originelle soumise aux
pures lois des pulsions de l’érotisme et de la mort. Le rythme de la pièce
s’accélère alors en scènes syncopées à la mesure du délire qui possède les
amants et laisse augurer l’espace possible d’une expérience visuelle et
sensuelle démesurée sous le regard excité de la présence bien concrète du dieu
Pan que convoque Botho Strauss. Le dieu champêtre à qui l’on prête le pouvoir
de provoquer l’érotisme et la panique prend alors lentement possession du corps
de ces pauvres humains égarés sur cette montagne sacrée et les entraine dans
une danse sauvage et folle au son du concert pop de sa lyre, psychédélique et
hallucinée. - Christophe Perton